Jongkind : L'Estacade 1853

Johan Barthold Jongkind : Vue de la Seine à Paris, l’Estacade, 1853
Musée des Beaux-Arts d'Angers (anciennement attribué au Musée d'Orsay)



La passerelle de l’Estacade a été construite en 1818, rejoignant la pointe de l'île Saint-Louis à la rue Agrippa d’Aubigné, pour mettre les bateaux à l'abri de la dérive des glaces. Une passerelle pour piétons a été aménagée sur l'estacade, incendiée à plusieurs reprises en 1833 et 1843, puis détruite en 1938.
Voir : http://paris1900.lartnouveau.com/ponts/passerelle_de_l_estacade.htm




Signature, lieu et date.


Cette œuvre en soulèvement semble l’être de façon récurrente. Ces soulèvements semblent être liés à la nature même de l’œuvre : Cette œuvre a probablement été réalisée au début du Printemps ( les tenues des personnages (bonnets, manteau) ainsi que les éléments du paysage (cheminées fumantes) indiquent qu’il s’agit des premiers jours du printemps, sous un très beau temps, mais probablement très froid), les conditions d’exécution seraient ainsi à l’origine des contraintes entraînant une tendance aux craquelures et ensuite aux soulèvements[1].

Détail des craquelures avec soulèvements



L’origine de la fragilité étant liée à la mise en œuvre, nous ne pouvons pas agir sur les causes, mais il est néanmoins possible d’en limiter la récurrence en protégeant la toile des variations dimensionnelles qu’entrainent les vibrations et les changements de climat.





Décrochage en cours dans les salles du Musée





Notre intervention vise à rendre l’œuvre transportable pour son prêt déjà programmé à l’exposition Eblouissant reflets au Musée des Beaux-Arts de Rouen, nous interviendrons sur les zones altérées soulevées et sur de meilleures conditions de conservation préventive. Il ne s’agit pas d’un programme de conservation plus approfondi, qui pourra être envisagé dans la décennie à venir et qui pourrait avantageusement reprendre la tension générale de la toile (châssis voilé) ainsi que les retouches désaccordées et les oxydations et encrassements de vernis.

Protection arrière



[1] La question de la peinture en plein air peut être posée, malgré les dimensions de ce format : Les peintres du « plein air » qui ont travaillé sous tous les climats ont beaucoup souffert au moment de la mise en œuvre de leurs tableaux des conditions extérieures, qu’elles soient extrêmement froides et humides (Renoir attrape une pneumonie en peignant à L’estaque) ou extrêmement chaudes et sèches, comme Fromentin en fit l’expérience : « J’étais sur une terrasse au dessus de l’oasis, en vue du désert, eu plein sud, peignant malgré le vent, malgré le sable ; ma boite à couleur qui ne tenait pas sur mes genoux, peignant, comme tu te l’imagines, avec des couleurs à l’état de mortier, tant elles étaient mêlées de sable » (Eugène Fromentin cité par Christine Peltre, L’atelier du voyage, Le Promeneur, Gallimard 1995 p.43)...

 En ce qui concerne Jongkind, d'après François Auffret, un seul témoignage de l'artiste prouvant qu’il avait peint en plein air existe pour les années normandes de 1862 à 1865. ; en revanche, plusieurs témoignages évoquent Jongkind dessinant en plein air puis peignant en atelier, atelier qu’il appelait – dans son logis de la rue de Chevreuse – sa « chambre à peintre ». (F. Auffret, Johan Barthold Jongkind (1819-1891), héritier, contemporain et précurseur, Maisonneuve et Larose, Paris, 2004 - Merci à M. Auffret pour ses précisions apportée sur ce détail).






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