Portrait ovale de Jeune Femme anonyme XVIIIe siècle

Ce portrait XVIIIe en ovale d'une femme en buste a subi au moins deux interventions de restauration, et pourtant, il n’a pas été rentoilé, ce qui est très rare pour une peinture qui a été retendue (les trous de semences visibles sur les chants ne correspondent pas à la tension actuelle, et le châssis est un châssis moderne).


La toile originale (armure toile, tissage serré) apparaît encore souple sur les bordures, mais, à cause notamment d’un vernissage de restauration où la résine du vernis a traversé la couche picturale pour se bloquer dans la trame de la toile, cette souplesse est perdue pour les zones sous-jacentes à la couche picturale : la toile y est cuite, selon l’expression consacrée, ce qui explique la déchirure survenue il y à quelques mois dans le quart inférieur droit (déchirure de 125 mm linéiares).
Zone de la déchirure : une lacune importante a été créée au moment de la chute du tableau)

Le châssis ovale, à traverses en croix, à clé, est un châssis plus récent, (peut-être des années 1940 ?). Son bois tendre est infesté (trous d’envol d’insectes xylophages), ses assemblages sont ouverts : ce châssis sera changé au cours de l’intervention.

La couche picturale de l’œuvre est fine, en demi-pâte et glacis, et représente très bien la technique de la peinture à l’huile du XVIIIe siècle. Elle est appliquée sur une préparation colorée rouge, certainement argileuse. C’est peut-être pour cette raison que nous constatons aujourd’hui une amorce de soulèvement généralisé : la préparation argileuse est extrêmement réactive aux variations d’humidité, entraînant des variations dimensionnelles des couches sous-jacentes, et avec elles, des pertes d’adhérence. Ce caractère argileux explique aussi l’absence de traitement fondamental au cours des interventions antérieures : le rentoilage à la colle de pâte est très déconseillé sur ce type de préparation, ce que nos prédécesseurs avaient anticipé. Nous n’effectuerons pas de traitement fondamental, mais un traitement localisé par la face (refixage et traitement fil à fil de la déchirure)

La perte d’adhérence de la couche de préparation n’est donc pas un phénomène nouveau, et a déjà été traité lors des interventions antérieures. Ces interventions ont couvert une surface importante de l’œuvre (environ 10%), et la plupart de ces repeints devront être supprimés au cours de notre intervention.

Avant de traiter l’œuvre, nous allons protéger les zones en amorce de soulèvement et la déchirure.

Vue de la peinture sous UV : les repeints sont délimités par un tracé jaune