Jean-Claude DRAGOMIR (1936-1966)

Jean-Claude Dragomir (Roumanie, 1936 ; France 1966) est un peintre montmartrois.

A la fin de l'année 1955, il expose à la Galerie Hervé (611 Madison Avenue, New York) aux côtés de Buffet, Lorjou, Jansem et Genpaul.

En France, il vit à Montmartre, souvent à la galerie-cabaret du Pichet du Tertre (n° 10, rue Norvins), dirigée par l’inimitable Oberto Attilio : Le Pichet du Tertre est un repère d’artistes, peintres et compositeurs, QG de Bernard Dimey qui y reçoit les chanteurs en quête de textes (Yves Montand, Charles Aznavour, Serge Reggiani, Henri Salvador, Patachou, Juliette Gréco, etc.). Bernard Dimey écrit d’ailleurs une chanson intitulée « La Taverne d’Attilio », chantée par Felix Martens :


Là, Dragomir vit dans l’univers rêvé des artistes de « Montmarte en ce temps là… », entouré donc de Francis Lai, Bernard Dimey, et Michel Magne. Plus qu’un entourage, se sont de véritables amis. Avec Michel Magne, il avait acheté le Château d'Hérouville en 1962 (Val D’Oise) ; Avec Bernard Dimey et Francis Lay, il devait illustrer Le Bestiaire de Paris (long poème de 264 alexandrins, interprété en 1962 par Pierre Brasseur et Juliette Greco), mais sa disparition brutale en 1966 laisse sa postérité orpheline.

Un mécène avait financé la création de ses œuvres entre 1962 et 1966. Toujours inédites, quelques unes de ces peintures et gouaches sont présentées ici:

























Sam Francis, Santa Monica, 1970 (n°70-013)


Sam Francis, SAnta Monica, 1970 (n°70-013)

“Paper is much more beautiful tan canvas. It’s deeper. I like the way the paint
flows inter the fiber”


L’auteur: Sam Francis (1923-1994)

Après des études d’art et d’histoire de l’art, l’artiste américain Sam Francis poursuit son parcours artistique en France, au Mexique, en Suisse et au Japon ; dès 1962, il s'installe à Santa Monica (Californie).

Dimensions : 101.5 x 68/67.2 cm

Caractéristiques :

Papier pâte de coton 100%, ( BFK Rives = environ 220 g/m²) non équerré, avec les barbes de déchirure sur le bord inférieur (déchiré par l’artiste). Toutes les bordures sont irrégulières. Le papier est de bonne qualité chimique, monté sur un carton de conservation, fixé par 22 petites punaises (pointes à têtes rondes colorées).

L’œuvre est signée au stylo à bille au revers.

Technique : quelques traces de crayon coloré sont visibles (mise en place de la composition ?)
Les couleurs sont soit de l’encre, soit de la peinture acrylique selon les zones.

Un défaut mécanique a entraîné un défaut de planéité : Ce défaut est lié à la réactivité naturelle du papier et à une technique diluée qui a entraîné un apport d’eau important. De manière générale l’altération de la planéité se fait en périphérie avec la création de plis dans le sens horizontal. Une zone, dans le coin inférieur droit a un défaut de planéité. Nous ne pouvons dire si cette zone a été mouillée pendant la création de l’œuvre ou après, mais il nous semble que ce défaut localisé ne soit pas de la même nature ou du même genre que les autres zones gondolées.

Interventions :
Les interventions sont réalisées par Pauline Chassaing, restauratrice du patrimoine, spécialisée dans le traitement du papier.
  • Démontage du système d’encadrement,
  • Dépoussiérage et nettoyage du cadre.
  • Humidification contrôlée par le revers et par la face du support.
  • Remontage.
Humidification contrôlée du papier et mise à plat



Avant intervention


Après intervention
















Eduardo Arroyo , Churchill à Chartwell ou Chatwell en été 1969



Churchill à Chartwell ou Chatwell en été 1969

Auteur : Eduardo ARROYO.

Né à Madrid en 1937, Eduardo ARROYO participe en 1964 et 1965 aux expositions autour des nouvelles figurations et en peu de temps devient, en France, l'un des protagonistes essentiels de l'avant-garde figurative à fort contenu politique.

Cette peinture sur toile représentant Churchill se reposant dans le jardin de sa maison de campagne à Chartwell (Kent) a obtenu le prix de la Critique au Musée de Charleroi, Palais des Beaux Arts, en 1969-1970 et a participé à l’exposition éponyme. L’œuvre appartenait alors à la Galerie Withofs (Bruxelles). Elle participe ensuite à l’Exposition « 100 International Cultural Centrum » à Anvers.

Vendue par Sothebys le 10/12/1998 sous le n° de lot 162, elle est depuis dans la même collection particulière, à Paris.

Etiquettes et inscriptions :
- Prix de la Critique au Musée de Charleroi
- 100 International Cultural Centrum » à Anvers
- « n°14 » inscrit au revers de la toile (+ tampon)
- Vente Sothebys lot 162 10-12-98

Dimensions :
111 x 130.2 cm hors tout, avec le cadre
Cadre intérieur : 109 x 90 cm

L’œuvre est une huile sur toile tendue sur son châssis original : la toile est une toile au tissage serré recouverte d’une préparation industrielle blanche. Des guirlandes de tension (courbure de la trame de la toile suivant les points d’accroches sur le châssis) sont visibles et montrent qu’il s’agit bien du montage original.

Le châssis est un châssis en bois, les assemblages sont mobiles grâce à des clés placées dans les angles. Ces clés sont en résineux et non en bois feuillu dur comme il est habituellement conseillé.

La couche picturale recouvre l’ensemble de la surface de l’œuvre. Les touches suivent une technique de pointillisme en pâte et demi-pâte, tandis que le personnage est représenté en demi-pâte appliquée et fondue dans le frais suivant une trace horizontale. Des effets de brillances/matités différentes sont rendus dans le feuillage grâce à l’utilisation d’un liant plus brillant pour certaines zones.

Altérations :

La toile apparaît déformée dans plusieurs zones :
- Un enfoncement rectiligne dans la partie inférieure gauche a été créé par la passage d’un objet contondant au revers de la toile.
- Un effet de drapeau (flottement de la toile) important est visible dans la partie supérieure gauche.
- Plusieurs effets de gondolement sont liés à la tension de la toile sur le châssis (réalisé par l’artiste, défaut constitutif de l’œuvre).

Une griffure est visible sur la couche picturale (dans le chapeau de Churchill) et plusieurs petites lacunes en tête d’épingle sont visibles en périphérie.

Un empoussièrement important du cadre et de la toile est constaté. Cet empoussierement est important aussi sur la couche picturale, avec des amoncellement de poussiere visibles en lumière rasante sur les crêtes de déformation de la toile (effet drapeau quart supérieur gauche).

Au revers, on constate le décollement de queluqes étiquettes, et trois clés manquantes sur le châssis. Deux clés sont cassées dans les assemblages.

Interventions :
Les étiquettes décollées sont recollées à l’amidon de blé sans gluten.
Dépoussiérage face / revers, cadre et châssis, avec un chiffon microfibres, un pinceau antistatique et une éponge en latex extra-fine. Un chiffon microfibre extra fin est utilisé pour la couche picturale. Le résultat est satisfaisant et spectaculaire.
Remplacement 2 clés cassées et 3 clés manquantes
Humidification du revers de la toile (micro-pulvérisation d’eau) et tension du châssis par ouverture des assemblages (clés).

Encadrement : dépoussiérage et pose de 3 nouvelles vis.













Cette intervention a été réalisé avec le préciaux conconcours de Pauline Chassaing, restauratrice du patrimoine spécialisée dans le traitement des oeuvres sur papier.

Portrait ovale de Jeune Femme anonyme XVIIIe siècle

Ce portrait XVIIIe en ovale d'une femme en buste a subi au moins deux interventions de restauration, et pourtant, il n’a pas été rentoilé, ce qui est très rare pour une peinture qui a été retendue (les trous de semences visibles sur les chants ne correspondent pas à la tension actuelle, et le châssis est un châssis moderne).


La toile originale (armure toile, tissage serré) apparaît encore souple sur les bordures, mais, à cause notamment d’un vernissage de restauration où la résine du vernis a traversé la couche picturale pour se bloquer dans la trame de la toile, cette souplesse est perdue pour les zones sous-jacentes à la couche picturale : la toile y est cuite, selon l’expression consacrée, ce qui explique la déchirure survenue il y à quelques mois dans le quart inférieur droit (déchirure de 125 mm linéiares).
Zone de la déchirure : une lacune importante a été créée au moment de la chute du tableau)

Le châssis ovale, à traverses en croix, à clé, est un châssis plus récent, (peut-être des années 1940 ?). Son bois tendre est infesté (trous d’envol d’insectes xylophages), ses assemblages sont ouverts : ce châssis sera changé au cours de l’intervention.

La couche picturale de l’œuvre est fine, en demi-pâte et glacis, et représente très bien la technique de la peinture à l’huile du XVIIIe siècle. Elle est appliquée sur une préparation colorée rouge, certainement argileuse. C’est peut-être pour cette raison que nous constatons aujourd’hui une amorce de soulèvement généralisé : la préparation argileuse est extrêmement réactive aux variations d’humidité, entraînant des variations dimensionnelles des couches sous-jacentes, et avec elles, des pertes d’adhérence. Ce caractère argileux explique aussi l’absence de traitement fondamental au cours des interventions antérieures : le rentoilage à la colle de pâte est très déconseillé sur ce type de préparation, ce que nos prédécesseurs avaient anticipé. Nous n’effectuerons pas de traitement fondamental, mais un traitement localisé par la face (refixage et traitement fil à fil de la déchirure)

La perte d’adhérence de la couche de préparation n’est donc pas un phénomène nouveau, et a déjà été traité lors des interventions antérieures. Ces interventions ont couvert une surface importante de l’œuvre (environ 10%), et la plupart de ces repeints devront être supprimés au cours de notre intervention.

Avant de traiter l’œuvre, nous allons protéger les zones en amorce de soulèvement et la déchirure.

Vue de la peinture sous UV : les repeints sont délimités par un tracé jaune

DURAND-BRAGER : Traitement du support

Nous renvoyons au message du 15 décembre pour la description de cette marine de Durand-Brager.


Les repeints ont donc été supprimés pour pouvoir démonter les pièces anciennes et réaliser un fil à fil sous une nouvelle pièce (Nous devions supprimer le repeint avant d'effectuer le fil à fil pour éviter que le solvant utilisé n'altère l'adhésion du fil à fil et de la nouvelle pièce).


Un problème de tension était très visible en lumière rasante : c'est ce qu'on appelle l'effet drapeau.


Après avoir démonté les papiers de bordage en kraft présents sur le pourtour de l'oeuvre, nous avons constaté que ce problème de tension n'était pas seulement dû au relâchement de la toile, mais aussi à de petites déchirures, notamment dans les angles (c'est la zone de plus grande tension).





Nous décidons donc de consolider ces zones, ce qui n'est possible qu'après démontage du périmètre entier de l'oeuvre.




Le châssis de l'oeuvre montre toutes ses faiblesses après démontage : la traverse centrale a été brisée, ce qui explique les pièces présentes au revers de la croix des traverses : nous jugeons que ce châssis n'est plus performant : nous le remplaceront par un châssis sur mesure, qualité musée.
Les opérations effectuées sur cette page sont les suivantes:
- Suppression du kraft de pourtour,
- Protection du recto (papier de chanvre / Méthylcellulose)
- Démontage des semences,
- Démontage du châssis défectueux,
- Dépoussiérage de la toile,
- Mise à plat de la toile (humidification, chaleur modérée, mise sous poids),
- Suppression des anciennes pièces contraignantes et des résidus d'adhésif,
- Présentation et collage fil à fil des déchirures, pose de pièces en intissé,
- Application du film adhésif de conservation (Beva 371) à la spatule chauffante (70°C),
- Collage de l'intissé polyester (spatule chauffante 90°C),
-Tension sur bâtit d'extension (195 x 130 cm),





Pour l'extension provisoire de la toile, nous avons posé des bandes de film-adhésif thermo-sensible de conservation (Beva 371), et des bandes de non-tissé polyester de forte densité. Après collage, la toile a été tendue immédiatement sur un battit d'extension.