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Claude Monet, La Meule 1891, BogArt Collection, en dépôt au Musée Marmottan-Monet


  1. Description de l’œuvre :
L’œuvre est peinte sur une toile pré-enduite blanche, tendue sur un châssis à clé (clés arrondies non sécurisées – 1 clé est manquante) en pin chanfreiné et biseauté, avec une traverse médiane de sections : 55 x 15 mm. Le montage de la toile est moderne, il est recouvert d’un bordage en kraft gommé teint au brou de noix. La toile de lin, armure toile au tissage régulier malgré quelques nœuds, de 14 fils de trames 17 fils de chaîne par cm présente des guirlandes de tension en partie haute ; elle a été imprégnée au revers, ce qui lui confère un aspect cireux. Le montage moderne suggère la présence de bandes de tension non visibles.


La saturation plus importante de certaines zones au revers (surtout dans la zone senestre inférieure) indique un traitement antérieur de cette zone (imprégnation du support ?). Des taches noires (zone supérieure dextre) sont également visibles dans la toile.




Données livrées par l’œuvre sur son histoire matérielle :


Etiquettes et inscriptions : aucune étiquette de transport ou d’exposition n’a été collée au revers du châssis. Le montant supérieur du châssis possède l’inscription manuscrite : «Meule / soleil voilé / 1891 ».


Altérations de l’œuvre :



Evolution de l’état de conservation (consultation du dossier d’œuvre) :

- 2000 : Intervention de restauration : nettoyage de l’œuvre (reprise et suppression de nombreux repeints, notamment dans la signature et dans le ciel ; pas de précision sur les produits utilisés).

- 2007 . Intervention :
« La toile ne présente aucune altération. Les bandes de tension ont été renforcées. Le tableau a été retendu sur son châssis d’origine. Les UV révèlent des points de restauration sur des petites usures dans le ciel. Restauration d’un réseau de craquelure dans la partie droite de la meule. Petites restaurations sur les craquelures le long de la partie sup. de la bande de verdure horizontale, au centre, c’est à dire à droite de la meule et près du bord droit du tableau, tjrs dans la bande de verdure. Petites restaurations dans les angles inf près des bords. Restauration d’une petite éraflure verticale de 1,5 cm près du bord inf à 32 cm du bord droit. Ce tableau n’a jamais été accidenté et les restaurations mentionnées ci-dessus étant superficielles, on peut considérer ce tableau en bon état, le 27 mars 2007 ».
  
- 2008 . interventions :
« Fortes fentes et fissures verticales sur l’ensemble de la surface du tableau ; surface du tableau fortement écrasée, zones de couleurs écrasées désolidarisées et anciennes décolorations. Vernis synthétique ? nouveau vernis très brillant. Craquelures ouvertes, adhérence mauvaise, soulèvements ».
  
- 2009 . Constat d'état :
« L’adhérence de la couche picturale est mauvaise. Nombreuses zones de soulèvements. Nécessite une intervention fondamentale "


- Dossier scientifique : un dossier scientifique a été établi en 2000.
Ce dossier porte sur des techniques d’imagerie (réflectographie IR, Radiographie des rayons X, lumière UV). 





Etat actuel:


Le support est en bon état général. Une clé est manquante sur le châssis (les clés ne sont pas sécurisées). L’assemblage inférieur senestre est ouvert : ceci suggère que la toile a été retendue, mais que celle-ci n’a pas été tendue de façon isométrique. Le bordage en kraft gommé récent est en partie décollé.


L’inscription manuscrite ancienne et effacée sur le montant supérieur : "Meules soleil couchant / Gelée blanche 1891"
 

Dans la couche picturale, le réseau de craquelure révèle :


- la toile a été roulée le long de son petit côté (réseau parallèle),


- la traverse a marqué (réseau rectiligne suivant la traverse) mais ce réseau montre deux traits : le montage a décalé la composition vers la droite (mais aucune modification de format).


- Nombreuses lacunes traitées sur les bordures senestres et dextres (Transport de la toile sans châssis ?)






La couche picturale est en amorce de soulèvement INSTABLE en partie basse et dans quelques autres zones relevées ci-après. Les soulèvements laissent apparaître la toile avec un aspect cireux lié à l’imprégnation de la toile. Les zones en soulèvements correspondent à l’imprégnation, la partie basse senestre étant plus largement imprégnée.









Un réseau de craquelure en escargot est constaté à gauche de la meule ; une éraflure rectiligne dans la partie supérieure.


















  1. Diagnostic & discussion :


Cette œuvre de 1891 présente une fragilité liée à sa préparation et aux traitements subits par son support. Cette fragilité semble récurrente lorsque l’on observe les interventions successives subies par l’œuvre ; l’imprégnation cireuse visible au revers semble présenter une corrélation avec les zones en soulèvement aujourd’hui.






La comparaison des différents relevés d’altération effectués entre 2007 et 2010 montre que les soulèvements ne se situent pas strictement dans les mêmes zones, mais que de nouvelles zones se soulèvent à présent (les parties basses et proches des marques du châssis sont cependant régulièrement traitées) ;






Nous pouvons proposer une nouvelle étude de la stratigraphie de l’œuvre ; quelques analyses seraient dans ce cadre certainement utiles et pourraient être menées ; cette étude permettrait notamment de distinguer les zones de repeint (repeints anciens et retouches récentes) afin de mieux comprendre l’histoire matérielle de cette œuvre et d’effectuer le cas échéant de nouvelles corrélations avec les zones fragilisées.






Les zones en soulèvement doivent être traitées ; une stabilisation générale semble être difficile à mener vues la réactivité et la fragilité des matériaux ; certaines actions périphériques peuvent être cependant menées, en protégeant le revers de l’œuvre (dos protecteur en toile polyester haute-ténacité ou carton neutre), en réalisant un caisson climatique d’encadrement ou encore en limitant les chocs climatiques.






La présentation de l’œuvre souffre aujourd’hui de cet aspect brillant donné par le vernis. Il apparaît certain que Monet ne vernissait pas ses tableaux, et l’aspect peut être considéré de ce point de vue gênant. Nous pourrons proposer dans un second temps une étude de la solubilité des matériaux et des tests d’allègement sélectif du vernis.
  • Notes sur les fournisseurs de Monet (liste non exhaustive) :


- DUBUS (marque: « 60. Boul. Malesherbes Paris /DUBUS / COULEURS FINES HUILE... / TOILAGES & RE... ./ E TABLEAUX » au revers de La Seine à Vétheuil, 1878, Le Havre, musée Malraux ;


- H. VIEILLE et E. TROIGROS, 35 rue de Laval, Paris ( Maisons à Falaise dans le brouillard, 1885, oil on canvas, 73.5 x 92.5 cm, WRM Dep. FC 673)


- BOURGEOIS AINE (Modèle déposé B), La Meule 1891, Bogart collection en dépôt au Musée Marmottan-Monet.


- MULARD : «dans une lettre du 31 octobre 1918, écrite de Giverny, à Etienne Clémentel, Claude Monet se plaint : « mon marchand de couleurs, M. Mulard 8 rue Pigalle, m'informe que manquant d'huile il ne pourra plus me fournir, il me demande de m'adresser à vous pour lui en procurer, est-ce possible, oui j'espère autrement me voilà obligé de m'arrêter court. »


 Bibliographie :




RIEGER, Caroline. Technical Problems in the Art of Monet, the 1890s. 1987.


Anthea Callen, The art of impressionism: painting technique & the making of modernity, Yale University Press, 2000 .


Roy , Ashok , “Monet's palette in the twentieth century” , National Gallery technical bulletin ; 2007 - n°28.


DAVID , Jeanne-Marie, « Une étude de la signature de Claude Monet », Zeitschrift für Kunsttechnologie und Konservierung ; 2008 - Vol. 22 n° 2 .


LABREUCHE Pascal, « The industrialisatoin of artists’prepared canvas in nineteenth century Paris. Canvas and stretcher : technical developments up to the period of Impressionism”, in Zeitschrift für Kunsttechnologie und Konservierung, 2008, p.316 et suiv.






SCHAEFER , Iris, LEWERENTZ , Katja ; VON SAINT-GEORGE , Caroline, “Die Entdeckung einer Monet-Fälschung! “, Beiträge zur Erhaltung von Kunst und Kulturgut - n° 1 ; 2009 .






GALLEN , Anthea , “The unvarnish truth -: mattness, "primitivism" and modernity in french painting, c.1870-1907”, Burlington Magazine (The) ; Novembre 1994 - Vol. CXXXVI .






SAUNDERS , David , TOWNSEND , Joyce H. ; WOODCOCK , Sally : The Object in context : crossing conservation boundaries , Munich , 2006, The Object in context - Monographie : crossing conservation boundaries : contributions to the [IIC] Munich congress, 28 August - 1 September 2006 / ed. by D. Saunders , J.H. Townsend , S. Woodcock.









Portrait de Gaillard par Auguste Blondel


L’œuvre appartient au Musée des Beaux-Arts de Nantes depuis la donation des descendants de Monsieur Gaillard en 1920. Se sont ces derniers qui ont indiqué l’identité du portrait ainsi que sa date d’exécution.D’après les lettres consécutives à la donation, le portrait représente Louis-Joseph Gaillard, un ‘dessinateur amateur’ né à Nantes en 1819 et mort dans la même ville en 1899. Son portrait par Blondel daterait de 1836.Il est possible qu’il y ai eut confusion avec Claude-Ferdinand Gaillard (Paris 1834-1887), mais dans ce cas le portrait ne daterait pas de 1836. Claude Ferdinand Gaillard était peintre d’histoire, de portrait et graveur, élève de Léon Cogniet. Vers 18 ans, il faisait quelques essais d’eau-forte, et, pour vivre, travaillait à des gravures de mode chez Hopwood et Le Couturiere. En 1856, il obtient le Grand Prix de Rome pour la gravure. A la suite d’une cruelle maladie, il meurt en pleine possession de son talent à 53 ans. Il existe un portrait de l’artiste : achat du Vte Bauer, 13 février 1924, portrait de l’artiste 580 frs (Source : Emmanuel BENEZIT, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Tome 4, Librairie Gründ, 1956, p.129).



Auguste-Georges Blondel serait lui né à Nantes en 1799 et mort dans la même ville en 1872. (voir La tricoteuse, dessin conservé au musée des Beaux-Arts de Rennes).Aucune mention de traitement de conservation-restauration préalable n’est faite dans le dossier d’œuvre consulté le 25 mai 2007.L’observation de l’œuvre avant traitement indique pourtant qu’un traitement important a été réalisé au début du XXe siècle.
Un premier constat d’état permet d’observer un rentoilage à la colle de pâte. L’observation des zones de soulèvements et lacunaires montre cependant la présence d’une couche picturale sous-jacente à la composition visible, qui pourrait avoir des conséquences sur l’adhérence de la couche picturale et expliquer la forme atypique du réseau de craquelure.


L'existence d'une couche picturale sous-jacente est confirmée par la radiographie, qui montre l’existence d’un portrait sous-jacent, composé à l’inverse du portrait de Gaillard. Il s’agit d’un homme d’une cinquantaine d’années, placé en buste. La radiographie met également en évidence la toile originale (trame visible), les traces du châssis initial à écharpes (diagonales visibles dans les angles supérieurs), le réseau de craquelure.Format : les dimensions 91,35 x 73,08 cm correspondent au format standard XVIIIe siècle (Pernety) de 30 sol. Transformé au XXe par le 30 figure.







Un mélange de solvants à base majoritaire d'isopropanol a été utilisé pour solubiliser le vernis et une partie des repeints débordants ou des surpeints.




















Après nettoyage, les lacunes sont comblées avec un mastic à base de blanc de meudon et de colle de peau. Un vernis général est appliqué sur la surface de l'oeuvre (résine naturelle), puis les retouches sont effectuées uniquement sur les mastics, afin de rendre son homogénéité à l'oeuvre et sa lisibilité.



Un vernis final est vaporisé sur l'ensemble de l'oeuvre (résine synthétique), puis l'oeuvre est ré-encadrée (le cadre a été légèrement amménagé pour limiter les frottements de la feuillure sur la surface picturale).


Un dos protecteur (carton cannelé à réserve alcaline) est vissé au revers de l'oeuvre pour limiter les variations hygrométriques et l'empoussiérement par le revers de l'oeuvre.