Portrait du Général Batanero



Peinture à l'huile sur toile (sergée) tendue sur châssis à clé périmétrique.

Peinture altérée lors de mauvaises conditions de stockage, la toile (sergée) souffre de déchirures nettes, associées à des déformations. Empoussièrement très important de l'oeuvre.
Un dégât des eaux a entraîné des déformations du support : les coulures sont visibles et on léssivé le vernis.
Le vernis est hétérogène et oxydé.





Protection des déchirures sur la face avant traitement. On remarque les coulures horizontales (le tableau a été stocké sur le chant quand le dégât des eaux est survenu).

Après la reprise de déchirure, les irrégularités du vernis sont particulièrement gênantes.

Portrait de Henry-Jacques Gouïn

Peinture à l'huile sur toile au tissage très lâche, tendue sur châssis fixe à écharpe.
La toile est ensuite d'une préparation blanche artisanale (pas de préparation sur les chants).



Le sujet représente le portrait de Henry-Jacques Gouïn, député d'Indre-et-Loire en 1810 (titre sur le fond). il est signé J. Cesbron-Lavau.


















Le portrait souffre de déchirures et enfoncements de la toile (avec déformation indurée) liées à des chocs, de soulèvements en arête de poisson, de lacunes (liées aux déchirures). Un empoussiérement important, avec des déjections animales visibles et un encrassement tant de la face et du revers révèlent des mauvaises conditions de stockage .



Les fils de la toile sont remis dans le sens de la trame et collés bords à bords avec un mélange de PVAc et d'éther de cellulose. Les déformations sont aplanies grace à un apport local d'humidité (puis mise sous presse avec buvards).
Les soulèvements sont refixés à l'aide de colle d'esturgeon.

Après avoir posé des pièces au revers des déchirures, un mastic est appliqué dans les zones lacunaires.




Retouches effectuées aux couleurs Gamblin, Vernis Regalrez.

Les différentes étapes de la restauration d'un trumeau

Différents états d'un trumeau du XIXe

Renvoyons au message suivant pour la description de l'oeuvre :
http://visite-d-atelier.blogspot.com/2009/10/traitement-dun-trumeau-xixe.html

 Avant traitement : réseau de craquelure très marqué, défauts de tension de la toile (quelques maintients seulement de la toile sur le cadre du trumeau), déformations indurées et amorce de soulèvements.
 Après remise dans le plan (cartonnage, reprise de la planéité avec différentes forces de papier, etc.), refixage généralisé de l'oeuvre, pose de bandes de tension puis nouvelle tension sur un châssis sur mesure. amménagement du cadre du trumeau pour y insérer le châssis, décrassage, tests d'allègement et début d'allègement de vernis.
Après nettoyage, masticage des lacunes et retouche.Un rapport d'intervention est remis avec l'oeuvre après traitement.

Portrait de Cesbron -Lavau (1763-1839)

Ce portrait souffre d'une déformation de couche picturale liée aux contraintes différentes générées par un papier collé eu revers de la toile (inscription donnant l'identité du personnage). La déformation induite est visible en lumière rasante :
La pièce de papier est démontée et conservée (elle sera insérée sans collage direct au revers de l'oeuvre).




 Revers avant
 Revers après suppression de l'étiquette


En lumière rasante, la déformation disparait (après remise dans le plan et mise sous presse, séchage avec buvards).










L'observation sous UV de l'oeuvre révèle un autre élément (que l'étiquette ne livrait pas...) :

Le col et l'ensemble du costume ont été repeints

Les Uv montrent les repeints en noir (mouchetage noir et repris du costume) : un col remontait clairement contre la joue de notre député ; sa légion d'honneur a-t'elle été ajoutée à cette occasion? Une étude plus approfondie pourra répondre à ce détail qui permettra aussi la datation de l'oeuvre.

Après décrassage, la signature est visible : Alfred Ménard. Il s'agit d'une peintre français du XIXe, né à Angers. Il a exposé aux Salons de 1835 et 1850. Il est peintre de portraits et de natures mortes.

Les opérations de conservation effectuées sur l'oeuvre sont:
- dépoussiérage
-démontage de l'étiquette contraignante au revers
- nettoyage du revers
- suppression des scrupules entre la toile et le châssis
- décrassage (eau déminéralisée + 1 goutte d'Agepon, tensioactf)
- refixage des soulèvements dans les accidents (gélatine Rousselot GT 58)
- Mastics posés dans les lacunes
- Retouche aux couleurs Gamblin
- Vernis Regalrez Mat


Restauration de La Meule de MONET

  Traitement en cours dans les salles du Musée Marmottan-Monet.




Claude Monet, La Meule 1891, BogArt Collection, en dépôt au Musée Marmottan-Monet


  1. Description de l’œuvre :
L’œuvre est peinte sur une toile pré-enduite blanche, tendue sur un châssis à clé (clés arrondies non sécurisées – 1 clé est manquante) en pin chanfreiné et biseauté, avec une traverse médiane de sections : 55 x 15 mm. Le montage de la toile est moderne, il est recouvert d’un bordage en kraft gommé teint au brou de noix. La toile de lin, armure toile au tissage régulier malgré quelques nœuds, de 14 fils de trames 17 fils de chaîne par cm présente des guirlandes de tension en partie haute ; elle a été imprégnée au revers, ce qui lui confère un aspect cireux. Le montage moderne suggère la présence de bandes de tension non visibles.


La saturation plus importante de certaines zones au revers (surtout dans la zone senestre inférieure) indique un traitement antérieur de cette zone (imprégnation du support ?). Des taches noires (zone supérieure dextre) sont également visibles dans la toile.




Données livrées par l’œuvre sur son histoire matérielle :


Etiquettes et inscriptions : aucune étiquette de transport ou d’exposition n’a été collée au revers du châssis. Le montant supérieur du châssis possède l’inscription manuscrite : «Meule / soleil voilé / 1891 ».


Altérations de l’œuvre :



Evolution de l’état de conservation (consultation du dossier d’œuvre) :

- 2000 : Intervention de restauration : nettoyage de l’œuvre (reprise et suppression de nombreux repeints, notamment dans la signature et dans le ciel ; pas de précision sur les produits utilisés).

- 2007 . Intervention :
« La toile ne présente aucune altération. Les bandes de tension ont été renforcées. Le tableau a été retendu sur son châssis d’origine. Les UV révèlent des points de restauration sur des petites usures dans le ciel. Restauration d’un réseau de craquelure dans la partie droite de la meule. Petites restaurations sur les craquelures le long de la partie sup. de la bande de verdure horizontale, au centre, c’est à dire à droite de la meule et près du bord droit du tableau, tjrs dans la bande de verdure. Petites restaurations dans les angles inf près des bords. Restauration d’une petite éraflure verticale de 1,5 cm près du bord inf à 32 cm du bord droit. Ce tableau n’a jamais été accidenté et les restaurations mentionnées ci-dessus étant superficielles, on peut considérer ce tableau en bon état, le 27 mars 2007 ».
  
- 2008 . interventions :
« Fortes fentes et fissures verticales sur l’ensemble de la surface du tableau ; surface du tableau fortement écrasée, zones de couleurs écrasées désolidarisées et anciennes décolorations. Vernis synthétique ? nouveau vernis très brillant. Craquelures ouvertes, adhérence mauvaise, soulèvements ».
  
- 2009 . Constat d'état :
« L’adhérence de la couche picturale est mauvaise. Nombreuses zones de soulèvements. Nécessite une intervention fondamentale "


- Dossier scientifique : un dossier scientifique a été établi en 2000.
Ce dossier porte sur des techniques d’imagerie (réflectographie IR, Radiographie des rayons X, lumière UV). 





Etat actuel:


Le support est en bon état général. Une clé est manquante sur le châssis (les clés ne sont pas sécurisées). L’assemblage inférieur senestre est ouvert : ceci suggère que la toile a été retendue, mais que celle-ci n’a pas été tendue de façon isométrique. Le bordage en kraft gommé récent est en partie décollé.


L’inscription manuscrite ancienne et effacée sur le montant supérieur : "Meules soleil couchant / Gelée blanche 1891"
 

Dans la couche picturale, le réseau de craquelure révèle :


- la toile a été roulée le long de son petit côté (réseau parallèle),


- la traverse a marqué (réseau rectiligne suivant la traverse) mais ce réseau montre deux traits : le montage a décalé la composition vers la droite (mais aucune modification de format).


- Nombreuses lacunes traitées sur les bordures senestres et dextres (Transport de la toile sans châssis ?)






La couche picturale est en amorce de soulèvement INSTABLE en partie basse et dans quelques autres zones relevées ci-après. Les soulèvements laissent apparaître la toile avec un aspect cireux lié à l’imprégnation de la toile. Les zones en soulèvements correspondent à l’imprégnation, la partie basse senestre étant plus largement imprégnée.









Un réseau de craquelure en escargot est constaté à gauche de la meule ; une éraflure rectiligne dans la partie supérieure.


















  1. Diagnostic & discussion :


Cette œuvre de 1891 présente une fragilité liée à sa préparation et aux traitements subits par son support. Cette fragilité semble récurrente lorsque l’on observe les interventions successives subies par l’œuvre ; l’imprégnation cireuse visible au revers semble présenter une corrélation avec les zones en soulèvement aujourd’hui.






La comparaison des différents relevés d’altération effectués entre 2007 et 2010 montre que les soulèvements ne se situent pas strictement dans les mêmes zones, mais que de nouvelles zones se soulèvent à présent (les parties basses et proches des marques du châssis sont cependant régulièrement traitées) ;






Nous pouvons proposer une nouvelle étude de la stratigraphie de l’œuvre ; quelques analyses seraient dans ce cadre certainement utiles et pourraient être menées ; cette étude permettrait notamment de distinguer les zones de repeint (repeints anciens et retouches récentes) afin de mieux comprendre l’histoire matérielle de cette œuvre et d’effectuer le cas échéant de nouvelles corrélations avec les zones fragilisées.






Les zones en soulèvement doivent être traitées ; une stabilisation générale semble être difficile à mener vues la réactivité et la fragilité des matériaux ; certaines actions périphériques peuvent être cependant menées, en protégeant le revers de l’œuvre (dos protecteur en toile polyester haute-ténacité ou carton neutre), en réalisant un caisson climatique d’encadrement ou encore en limitant les chocs climatiques.






La présentation de l’œuvre souffre aujourd’hui de cet aspect brillant donné par le vernis. Il apparaît certain que Monet ne vernissait pas ses tableaux, et l’aspect peut être considéré de ce point de vue gênant. Nous pourrons proposer dans un second temps une étude de la solubilité des matériaux et des tests d’allègement sélectif du vernis.
  • Notes sur les fournisseurs de Monet (liste non exhaustive) :


- DUBUS (marque: « 60. Boul. Malesherbes Paris /DUBUS / COULEURS FINES HUILE... / TOILAGES & RE... ./ E TABLEAUX » au revers de La Seine à Vétheuil, 1878, Le Havre, musée Malraux ;


- H. VIEILLE et E. TROIGROS, 35 rue de Laval, Paris ( Maisons à Falaise dans le brouillard, 1885, oil on canvas, 73.5 x 92.5 cm, WRM Dep. FC 673)


- BOURGEOIS AINE (Modèle déposé B), La Meule 1891, Bogart collection en dépôt au Musée Marmottan-Monet.


- MULARD : «dans une lettre du 31 octobre 1918, écrite de Giverny, à Etienne Clémentel, Claude Monet se plaint : « mon marchand de couleurs, M. Mulard 8 rue Pigalle, m'informe que manquant d'huile il ne pourra plus me fournir, il me demande de m'adresser à vous pour lui en procurer, est-ce possible, oui j'espère autrement me voilà obligé de m'arrêter court. »


 Bibliographie :




RIEGER, Caroline. Technical Problems in the Art of Monet, the 1890s. 1987.


Anthea Callen, The art of impressionism: painting technique & the making of modernity, Yale University Press, 2000 .


Roy , Ashok , “Monet's palette in the twentieth century” , National Gallery technical bulletin ; 2007 - n°28.


DAVID , Jeanne-Marie, « Une étude de la signature de Claude Monet », Zeitschrift für Kunsttechnologie und Konservierung ; 2008 - Vol. 22 n° 2 .


LABREUCHE Pascal, « The industrialisatoin of artists’prepared canvas in nineteenth century Paris. Canvas and stretcher : technical developments up to the period of Impressionism”, in Zeitschrift für Kunsttechnologie und Konservierung, 2008, p.316 et suiv.






SCHAEFER , Iris, LEWERENTZ , Katja ; VON SAINT-GEORGE , Caroline, “Die Entdeckung einer Monet-Fälschung! “, Beiträge zur Erhaltung von Kunst und Kulturgut - n° 1 ; 2009 .






GALLEN , Anthea , “The unvarnish truth -: mattness, "primitivism" and modernity in french painting, c.1870-1907”, Burlington Magazine (The) ; Novembre 1994 - Vol. CXXXVI .






SAUNDERS , David , TOWNSEND , Joyce H. ; WOODCOCK , Sally : The Object in context : crossing conservation boundaries , Munich , 2006, The Object in context - Monographie : crossing conservation boundaries : contributions to the [IIC] Munich congress, 28 August - 1 September 2006 / ed. by D. Saunders , J.H. Townsend , S. Woodcock.