Adoration de l'Enfant Jésus, Ecole française XVIIIe, église Saint Antoine de Loches



Les peintures de l'église Saint-Antoine de Loches sont en cours de restauration.
News letter Ville de Loches Juillet 2011


L'adoration fait partie des oeuvres qui nous ont été confiées.

Avant traitement de conservation-restauration


Après traitement de conservation-restauration



 ***** Etat initial *****

Tableau placé au dessus de la porte du transept nord (entre un oculus en partie haute et la porte en partie basse), son accrochage par suspension et deux pattes en partie basse induisait un risque important de scrupules, ainsi qu'une exposition importante aux variations climatiques, notamment vis à vis de l’humidité.

Eglise Saint-Antoine, Loches (2011)
La toile apparaissait détendue, avec un fort effet drapeau.


La couche picturale épaisse présentaiyt un aspect pavimenteux, en amorce de soulèvements dans différentes zones, notamment en partie basse (plis de tension) et le long de la traverse médiane et de la couture (ligne horizontale dans le ¼ supérieur). Une griffure de la couche picturale était visible suivant une ligne diagonale en partie centrale : elle entraînait une déformation de la toile et de la couche picturale ainsi que des soulèvements.




Bordures de toile avec retrait important et déchirure





Au revers de la toile, on remarque aussi la présence d’un lé cousu main, large de 119 cm environ de lisière à lisière, ce qui montre que la toile a été tissée sur un métier dont la navette ne peut exécéder 119 cm.





Soulèvements dans une zone avec repeints




Lacunes laissant apparaître la préparation rouge










Soulèvements et structure pavimenteuse




Cette oeuvre anciennement restaurée présente des zones de repeints visibles (voir photo sous UV).


Cadre : en bois peint noir composé de baguettes assemblées, en bon état.








Au revers, le châssis est cassé et la toile très empoussiérée.



Observer l'oeuvre sous UV permet d'accéder à de nombreuses informations, permettant notamment d'évaluer l'étendue des repeints:








Fluorescence accrue dans le drapé




Repeints visibles dans l'angelot (le long des marques du châssis)



*** Interventions de conservation & restauration ***






Traitement choisit : Le traitement consiste à consolider le support de cette oeuvre (châssis et amorces de déchirures en périphérie, reprise de déformation, refixages et consolidation de couche picturale). La conduite du nettoyage permettra de supprimer de nombreux repeints contraignants (déformations indurées) et trop visibles.






Bordure avec plis de toile, retrait important de celle-ci, semences pointées dans la couche picturale originale lors d'une des interventions antérieures

En collaboration avec Mademoiselle Juliette Serre, lors du démontage du châssis, on a observé des traces de préparation rouge sur le revers ayant traversé la toile. D’autres traces blanches sont visibles sur le bas de la toile, témoin probable d’un mastic posé à l’occasion d’une restauration ancienne (repeints).


Démontage des semences en cours






Observation de la technique : les coutures permettent d'obtenir une toile plus large que 114 cm (largeur lé à lé) : légèrement fragilisée en bordure, la bonne conservation du support est ici très impressionnante. l'image montre aussi la préparation rouge qui a traversé la trame de la toile lors de son induction (il est rare de le voir à cause des rentoilages généralement effectués sur ces oeuvres)

Reprise de planéité : cette opération est effectuée comme suit : toile libre, sur plan de travail, les déformations sont reprises avec une mise sous presse après légère humidification et buvards intermédiaires, pour les chasser du centre vers la périphérie.

Des bandes de tension sont posées (intissé polyester adhésif : Beva® 371 film). Cette intervention minimaliste permet de conserver tout le revers visible (et les traces techniques évoquées) tout en consolidant le support.



Revers de la toile après pose de bandes de tension.











L'oeuvre est remontée sur son châssis (dernières reprises de déformation)




Etat de l'oeuvre après reprise du support.



Avant de remettre la toile sur le nouveau châssis (sur mesure, à clé, à croix de Lorraine), celui-ci est poncé (arêtes et angles) afin d'éviter la création de réseau de craquelure le long de ses montants, ciré et les noeuds contenant des résidus de résine éliminés.

Grâce aux bandes de tensions posées, la toile est tendue sur le nouveau châssis préparé ; cette opération est l’occasion de reprendre plus globalement la planéité au cours de la tension de la toile ( apport d’humidité localisé, notamment en partie basse pour les déformations plus indurées).

Après rétablissement de la tension, des déformations perdurent : elles sont liées à des mastics débordant sur la couche picturale originale qui, par leur dureté intrinsèque, contraignent la toile et la couche picturale. Ces mastics, liés à plusieurs interventions antérieures, doivent être supprimés au cours des interventions sur la couche picturale.

Des tests de solvants polaires en polarité croissante, puis solvants protiques, puis acides et bases permettent de déterminer la solubilité des éléments : couche picturale originale, vernis, préparation, repeints débordants, mastic blancs débordant, mastic gris débordant.

Les résultats des tests indiquent que le vernis est soluble dans le cyclohexane (vernis à base de cire) et tous les mélanges de solvant de la cire. Les repeints sont solubles dans des mélanges Ligroïne-éthanol (70-30), ou ligroïne-acétone (60-40) ou encore DMSO-actétate d'éthyle (10-90) ; il s'agit de repeints constitués de cire et d'huile, avec une proportion inconnue de résine naturelle. Ces repeints sont largement débordants sur l'original comme le montre le détail de la zone de repeint dégagée dans le pied du personnage du premier plan.



Cette zone est entièrement repeinte : ce sondage effectué dans la jambe du personnage montre le décalage de composition dans la partie repeinte (une importante zone en partie basse) : cette zone est repeinte directement sur l'original, sans mastic intermédiaire (les repeints sont alors faciles à supprimer).

La suppression des repeints débordants est faite avec un gel de solvant pour limiter l'action mécanique sur la peinture originale sous-jacente ; malheureusement, la plupart du temps, un mastic blanc ou gris très dur, à base de céruse, est placé entre la couche picturale originale et le repeint. ce mastic est difficile à supprimer ; mais sa suppression est nécessaire à cause des contraintes que ce mastic impose à l'oeuvre (déformations, amorces de soulèvement).



Détail avant intervention dans une zone de repeints (délimitée par ligne blanche)




Détail après suppression partielle des repeints(partie gauche).

La suite du nettoyage permettra de supprimer les repeints les plus maladroits, comme le visage de l'Enfant Jésus, mais cette opération mettra à jour des zones lacunaires importantes.




Tous les repeints débordants très difficile à supprimer n'ont pas pu être tous dégagés : nous avons décidé de supprimer les repeints trop contraignant pour la couche picturale originale, où dont le motif trop fort portait atteinte à l'oeuvre (visage de l'Enfant Jesus) ; même si les contraintes de temps n'ont pas permis une suppression totale des repeints, le nettoyage demeure spectaculaire.


La restitution de la composition initiale a demandé une recherche importante pour certains motifs, comme le personnage de l'Enfant Jesus, pour lequel nous nous étions basés sur les motifs peints par Natoire, peintre qui nous semblait proche en technique et en motifs de notre Nativité.



Cette recherche nous a permis de trouver un modèle beaucoup plus proche du motif final, puisqu'en cherchant les motifs de personnages peints par Simon Vouet, nous avons trouvé les dessins préparatoires à une Nativité aujourd'hui disparue ; les dessins proviennent d'un album de Vouet conservé au Louvre :


















Les motifs des dessins de l'album Vouet sont systématiquement opposés, avec un effet miroir par rapport aux motifs de la Nativité de Loches : Les dessins préparatoires ont donné lieu à une oeuvre qui a été gravée et dont le tableau de Loches est une reproduction : la technique de la gravure inverse en effet le motif initial, créant cet effet miroir ;

Ces dessins préparatoires ont été exécutés pour La Nativité de l'Eglise des Carmélites à Paris (aujourd'hui disparue). [Barbara Brejon de Lavergnée, Paris, 1987] ...

Mais comme il était d'usage pour les chef d'Oeuvre, des reproductions de ce tableau ont été réalisées ; une copie est conservée dans une église en Bourgogne (Eglise de Saint-Pierre-aux-Liens):

La Nativité de Loches est aussi altérée que le tableau de Saint Pierre aux Liens, mais notre composition est plus complète, n'ayant pas été coupée en partie supérieure...

Retrouver ces motifs originaux nous a permis de reconstituer tous les motifs à réintégréer :

Avant restauration avec repeints, restitution plus fine apres restauration

La restauration a aussi permis de retrouver une harmonie plus homogène : les soulèvements sont stabilisés, la structure de la toile conservée ; l'aspect général plus harmonieux permet d'apprécier d'avantage la finesse de la touche, peinture XVII-XVIIIe réalisée avec beaucoup de maîtrise qui pourrait être le fruit d'un peintre de très bonne qualité, peut-être copié dans l'atelier même de Vouet.


Adoration, état après restauration.








Jongkind : Bd Montparnasse

Auteur : Johan Barthold Jongkind (1819-1891)
Titre : Le Boulevard Montparnasse
Technique : Huile sur toile
Format : 24 x 37,7 cm
Signé en bas à gauche : « Boulevard Montparnasse 1870 »
et en bas à droite : « Jongkind »

Le paysage représenté par Jongkind, précurseur de l’impressionnisme est une vue nocturne, de petit format, représentant le Bd Montparnasse, lieu commun pour lui qui habitait dès 1861 au 127 Bd Montparnasse (=9 rue de chevreuse ; le 9 deviendra le 5, rue de chevreuse en 1864 environ) [Documentation François Auffret].

Histoire matérielle :

1900 : Vente Blot (?)
1966 : Exposition Jongkind, Galerie Schmit.

Revers de l'oeuvre avant intervention.

 Altérations :
L’œuvre souffre d’un encrassement et d’un empoussièrement légers. Elle est recouverte d’un vernis oxydé.
Une petite lacune en partie droite est visible.

Interventions de restauration
Après démontage minutieux du cadre, un dépoussiérage et un décrassage des éléments constitutifs est réalisé. La suppression méticuleuse des scrupules (petits éléments piégés entre le montant inférieur du châssis et la toile) sont supprimés pour prévenir tout risque de déformation.

La solubilité du vernis est testée avec différents solvants mélangés dans des proportions croissantes en polarité. Le vernis se solubilise avec un mélange contenant une proportion importante d’essence minérale (Ligroïne 80%) et une faible quantité d’alcool (éthanol 20%). L’ensemble du vernis est allégé avec ce mélange.

Un nouveau vernis est appliqué par pulvérisation après réintégration de la lacune à l'aquarelle.

Le revers est ensuite protégé par la pose d’un carton cannelé (effet tampon) à réserve alcaline, permettant d’éviter les variations d’humidité et l’empoussièrement par le revers. La feuillure interne du cadre est aménagée avec une feutrine noire collée.
Vue d'ensemble, avant et après restauration.