Cette oeuvre souffre de nombreuses déformations du support, liées à un défaut d'attache sur le châssis et des déchirures (en rouge sur le schéma, déformations en bleu). Elle a subit un dégât des eaux qui a déformé le support d'une part, et altéré la surface picturale (chancis, lessivage de la couche picturale mate).
Atelier de restauration de Pauline Helou-de La Grandière, restauratrice de peintures (tableaux anciens et modernes). Vous pourrez voir le déroulement d'une restauration du diagnostic au vernissage final, connaitre les détails des traitements effectués sur les oeuvres et voir l'évolution de la restauration quasiment au jour le jour.
BODINIER : Le joueur de Cornemuse - Traitement du support toile et de la couche picturale
Traitement d'un Trumeau XIXe
Les trumeaux du XIXe comme dessus de cheminée représentant une scène de genre ou une scène religieuse sont assez nombreux et correspondent toujours à la même technique : toile grossière, préparation fine, technique picturale en demi-pâte.
La toile est tendue sur le cadre du trumeau lui-même, qui possède une traverse médiane. Les dimensions sont souvent semblables (108 x 66 cm pour la toile seule, 130 cm de hauteur pour le trumeau entier). Pour nous, les mêmes altérations sont également constatées : problèmes de tension liés au mode de montage, réseau de craquelure en escargot très prononcé avec amorce de soulèvements, vernis très oxydé à résine polysaccharidique.
Il semblerait qu'une production intensive, semblable à la production de tableaux-horloges se soit développée autour de 1830-1850. Ce type d'objet décoratif, adapté au format des appartements parisiens a connu un engouement important sous Napoleon III.
Notre trumeau représente une scène galante, où un homme, certainement dans une barque, tends sa main à une femme pour l'emmener à l'hôtel du Lion d'Or (le Lit où on dort) situé sur l'autre rive du lac. Là encore, il semblerait que cette scène soit souvent représentée puisque nous en avons retrouvé un autre exemple sur un trumeau similaire.
Les deux tableaux reprennent la même composition : repoussoir au premier plan, donné par le chemin emprunté par la jeune femme qui se dirige vers le plan central (la rencontre avec l'homme sur sa barque), à l'arrière plan, le Lion d'Or est un bâtiment avec une tour : sur le pas de la porte, une femme se tiens prête à accueillir le couple. Si l'exécution est très différente, la citation est strictement la même.
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L'oeuvre souffre d'un défaut de tension, d'une amorce de soulèvement, avec un réseau de craquelure très marqué. L'encrassement et l'oxydation du vernis est très important.
Intervention :
L'oeuvre a été protégée pour son démontage (papier japonais / colle de pâte diluée), démontée de son cadre (traité par ailleurs) et tendue sur un panneau provisoire par le biais d'un cartonnage effectué au papier kraft pour obtenir une bonne planéité.
Démontage
Cartonnage
Une fois le cartonnage démonté, nous avons effectué un test de solubilité du vernis, puis solubilisé progressivement ce vernis.
tests de solubilité du vernis : le vernis est à base de polysaccharide et de résine naturelle.
tests de solubilité du vernis : le vernis est à base de polysaccharide et de résine naturelle.
La reprise des déformations du réseau de craquelure a due être complétée par un refixage à la colle de peau diluée effectué par la face, sous un cartonnage partiel (papier de soie) :
Des bandes de tension sont ensuite ajoutées en périphérie : elles aideront à retendre l'oeuvre sur un châssis à clé sur-mesure.
Les bandes de tension sont collées avec un adhésif acrylique (Plextol B500).
L'oeuvre est tendue sur le châssis, puis le trumeau est remonté dans son cadre, avec de nouveaux systèmes d'attache, inoxydables et démontables.
Cloques et soulèvements dans un portrait oval du XVIIIe siècle : Traitement
Après allègement du vernis
Ce portrait d'homme, ainsi que son pendant (le portrait de femme) ont été rentoilés anciennement. Cette ancienne intervention a été plus interventionniste pour le portrait de femme, pour lequel un nettoyage drastique a été effectué : les glacis, qui donnent le volume aux chaires et aux drapés ont été supprimés avec le vernis original, donnant un aspect plat et froid au portrait. De nombreux repeints maladroits sont visibles à l'oeil nu. Le portrait d'homme n'a pas été dévernis, mais revernis. Ce vernis à base de résine naturelle (Mastic ou Dammar) est épais et oxydé.
Les deux rentoilages ont été effectués à la colle de pâte (tradition francaise : mélange de farines et de colles animales assurant souplesse et adhérence). Les toiles ont été tendues sur des châssis ovales à clés. Pour les deux tableaux, des faiblesses de rentoilage sont visibles : elles provoquent des déformations de toile.
Le portrait d'homme présente par ailleurs de nombreuses cloques : la couche picturale se soulève en forme de cloche : cette altération provoque de nombreuses lacunes, laissant visible la toile originale et sa préparation rouge. Ce portrait a également été retouché dans de nombreux endroits.
Notre intervention vise à redonner une bonne adhérence à la couche picturale, à supprimer les défauts de planéité et redonner un aspect général satisfaisant.
La couche picturale est refixée à la colle d'esturgeon, les déformations de toile sont réduites par apport d'humidité et nouvelle tension sur le châssis.
Un dépoussiérage du revers, un décrassage au Tri-ammonium citrate à 3% de la surface peinte, sont effectués sur les deux tableaux. Le vernis du portrait d'homme est ensuite allégé pour retrouver une concordance de ton entre les portraits formant la paire.
L'allègement est réalisé avec un mélange contenant 63% d'isopropanol, 6% d'acétone et 31% d'essences minérales (Fd=58).
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